Céline Beaux
Gestion des émotions : être en colère est bon et sain !
En quoi "être en colère" est nécessaire pour l'estime de soi ainsi que le maintient de l'intégrité physique et psychique?
Nos conditionnements éducatifs et de société, nous disent pourtant le contraire : "c'est pas bon d'être en colère", "calme toi", "il faut apprendre à se contrôler".
Et cela, malheureusement dès l'enfance.
Un enfant qui fait une colère, une crise, nous lui apprenons : "arrête de crier, les colères c'est pas bien, tu te mets dans des états incroyables pour pas grand chose!" Cela nous met, nous-même en colère, nous insupporte.
Pourquoi à votre avis?
Parce que, cela vous renvoie immédiatement face à vous, quand vous étiez enfant. Cela vous renvoie l'image de quand vous étiez petite et que très certainement, on ne vous a pas autorisé à exprimer votre colère, on ne vous a pas appris à la comprendre et la transformer en quelque chose de constructif.
Alors quand un enfant, votre enfant, "fait une colère", inconsciemment vous revivez, toutes les fois, où, vous avez senti, eu l'impression, que vous n'étiez pas entendu, que votre colère d'enfant et vos frustrations n'étaient pas accueillies, que l'on vous a fait croire que cela n'avait pas lieu d'être, que cela ne se faisait pas en société.
Haaaa, ce fameux regard des autres.
Qui se sent le plus en situation, potentielle, de jugement lorsqu'un enfant est en colère?
L'enfant qui est en pleine émotion?
Ou le parent qui se sent dépassé par la situation, qui a la sensation de perdre le contrôle? Le contrôle sur quoi, sur qui?
Que vont penser les "autres" à coté, en voyant que mon enfant fait une colère et que je n'arrive pas à le calmer?
Je vous pose la question, frontalement : quand votre enfant fait "une crise", qu'est-ce qui, au fond de vous se réveille, et vient vous titiller, vous agacer, vous frustrer? Qu'est-ce qui est le plus dérangeant?

Petit rappel de notion : qu'est-ce que la colère?
Je vous parle ici de la colère en tant qu'émotion et non en tant que sentiment, ce qui est bien différent.
La colère "émotion" est un mouvement émotionnel, c'est une réaction physiologique de l'organisme face à un stimulus. Ces réactions sont brèves et se traduisent par des sensations telles que : chaud au joue, picotement dans les mains, nuque et mâchoire qui se raidissent, ventre qui se noue, envie de frapper etc.
Le sentiment de colère, quand à lui, est un phénomène psychologique et suppose une élaboration mentale.
L'émotion de colère indique que nos valeurs et/ou nos besoins sont "attaqués", mis à mal. Et les réactions physiologiques qui l'accompagnent sont simplement des messages pour nous en avertir.

En quoi la colère est-elle bonne et saine pour l'estime de soi, l'intégrité physique et psychique?
La colère est une émotion de réparation face à la frustration et à la blessure. Elle restaure l'intégrité physique de l'organisme face au manque. Elle rétablit l'équilibre d'une relation en cas d'injustice ou d'offense.
La colère, comme toute émotion, génère de l'énergie (des tensions) qui demande à sortir, à être exprimée pour que l'organisme retrouve son équilibre, son harmonie intérieur.
Si ces énergies (tensions) sont refoulées, interdites, dénigrées, les tensions vont persister, faire souffrir, se transformer en sentiment de colère, et en blessures émotionnelles et même se transformer en maladie (notamment le cancer qui est reconnu pour être la maladie des colères refoulées).
C'est pourquoi il est nécessaire, de savoir identifier les symptômes (sensations), les accueillir et les exprimer sainement.
En tant que parents, notre rôle est de guider notre enfant dans cet apprentissage pour qu'au fur et à mesure, il devienne autonome dans sa gestion émotionnelle.
Si au contraire, nous lui refusons la possibilité d'exprimer sa colère, nous ne lui apprenons pas à l'accueillir et ensuite la gérer, nous le coupons d'une partie de lui-même, et de la possibilité de se réparer. Nous lui envoyons le message : tu n'as pas le droit de ressentir ce que tu ressens, tes sensations ne sont pas justes, tu n'as pas le droit d'être entier.
L'enfant ne comprend pas, mais sait au fond de lui : quelque chose ne va pas, il va alors grandir en se protégeant (à sa manière) chaque fois qu'il sentira de la colère en lui. Car on lui aura appris, que ce n'est pas bien et pas juste. et au fil des années, il développera des masques, de façon inconsciente, l'adolescence sera vécue difficilement.
A l'âge adulte, avec toutes ces années de déni et rejet d'une partie de soi, il pourra arriver à un mal être, sans en comprendre les raisons, à developper une forme d'agressivité, de violence, de rejet de toute forme d'émotion, bref de se couper de lui-même.
Effectivement cette démarche devient compliquée lorsque soi-même n'avons pas appris à le faire, ce qui du coup entraine des débordements émotionnels : l'enfant fait une colère, le parent n'ayant pas appris lui-même, se sent en situation de vulnérabilité, de remise en question de ses capacités, il va alors ressentir à la fois l'émotion et le sentiment de colère (par reflet de son histoire passée), le parent risque alors de se fâcher après son enfant etc, etc, et le cercle vicieux est bouclé (l'enfant ne comprend pas, ressent de l'injustice, etc).
La colère est réparatrice : la métaphore du garagiste.
Isabelle Filliozat, illustre à merveille l'intérêt d'accueillir et exprimer sa colère, avec une métaphore que je trouve très parlante : celle du garagiste.
Imaginez qu'une voiture vienne heurter la votre, les conséquences : votre véhicule est enfoncé sur une partie, cela fait donc une bosse concave. Vous pouvez insulter, frapper l'autre automobiliste, en aucun cas cela ne changera les dommages et ne réparera votre voiture. Vous faites alors un constat, en établissant clairement les responsabilités de chacun et les dégâts occasionnés. Puis vous amenez votre véhicule chez le garagiste. Un expert passe pour constater les dégâts. Le garagiste, ensuite, va avec ses outils frapper de l'intérieur la carrosserie vers l'extérieur pour la redresser.
Et bien pour la colère c'est la même chose.
Je vous joint en image l'idée.

Sur la figure 1 : 2 personnes en face à face, intègres, avec toutes leur forme.
Sur la figure 2 : L'une des personne (cela peut être un évènement) envahit l'autre, la frustre, la blesse d'une manière ou d'une autre. Cela fait un trou/une bosse à l'intérieur.
Sur la figure 3 : La colère est représentée par la fléche. C'est l'effort de l'organisme, qui part du centre de nous pour réparer la "carrosserie". L'autre nous a fait un trou. Nous repoussons cette bosse concave, nous appliquons une force suffisante pour rétablir notre intégrité, reprendre notre forme. Nous nous occupons de notre trou, de notre manque, de notre frustration, de nos besoins, pas de l'autre.
La colère saine dit un besoin et demande réparation.
La violence, elle, ne répare pas.
Plus concrètement, prenons l'exemple d'un enfant de 2 ans à qui l'on refuse l'achat d'un jouet qu'il a vu dans le magasin, pendant que vous faisiez les courses.
Pour vous l'adulte, qui êtes dotés de toutes les facultés et ressources : d'analyse, de discernement, de détachement, vous savez que ce jouet ne fait pas partie de vous.
Pour votre enfant de 2 ans, qui n'est dirigé que par son cerveau émotionnel, sachez que pour lui le jouet = lui. Le jouet est une partie de lui, il n'a pas d'existence séparée et indépendante de lui.
En refusant l'achat, pour l'enfant c'est comme si vous lui enleviez une partie de lui-même (la bosse). En se mettant à crier, pleurer, il exprime simplement cette énergie de réparation.
Si l'adulte que vous êtes, sait accueillir cette colère, donne le droit à l'enfant d'exprimer sa colère, l'enfant répare lui -même sa blessure et apprend par lui-même et sa relation aux autres et aux choses. Il apprend qu'il peut désirer fortement sans obtenir forcément. Son identité et sa puissance ont des limites, il ne se retrouve pas détruit par le manque.
En revanche, si vous n'acceptez pas la colère, l'enfant comprend qu'il n'a pas le droit de se réparer de la blessure créée par ce manque en lui. Trop petit pour en considérer le motif réel, il va associer inconsciemment cette "non permission" comme : je ne mérite pas, je ne suis pas digne, je n'ai pas le droit d'exister. Il reste cabossé, il lui manque un morceau de lui. Pour lui, comme ses parents ne veulent pas entendre sa colère, c'est que ses parents considèrent comme juste qu'il reste cabossé.
Un enfant ne remettant jamais en question l'amour que peut lui porter son parent, il s'attribuera des pensées telles que : je doit être mauvais, je suis un méchant garçon, je ne suis pas assez bien etc.. je vous laisse largement imaginer les conséquences psychiques que cela peut engendrer sur tous les termes : le court, le moyen et le long terme.
Il ne s'agit pas d'acheter tous les jouets du monde à vos enfants, il est question d'accepter que votre enfant soit en colère. Qu'il a le droit d'être en colère et de lui expliquer le pourquoi du comment.
Comme je le disais plus haut, un enfant à qui l'on a refusé d'exprimer ses émotions et notamment ses colères, sans jamais lui apprendre quoi que ce soit sur ce sujet, devient un ado et un adulte cabossé qui rencontrera de nombreux freins, blocages et maux dans sa vie d'adulte.
Cela fera un adulte qui ne saura pas être à l'écoute de ses besoins, un adulte qui sera épuisé car justement pas à l'écoute non plus de ses limites, un adulte qui aura des difficulté à exprimer ce qu'il veut et ce qu'il pense en étant authentique (et non en réaction à une blessure).
Savoir exprimer ses besoins.
Une colère ordinaire, alerte sur la frustration d'un besoin, et se libère simplement en exprimant à la personne ses besoins, sans jugement, ni accusation.
Une colère plus forte demande une décharge physique.
Le geste, le mouvement est, dans ce cas, utile pour retrouver le calme et son équilibre interne.
L'objectif de l'expression physique est la décharge de vos tensions.
Attention cela ne signifie pas, aller mettre son poing sur la tronche de l'autre.
Posez-vous quelques minutes et réfléchissez aux solutions possibles pour décharger ses tensions (laissez votre créativité émerger sans que cela ne mettre l'autre en danger).
En tant qu'adulte, une fois l'émotion passée, et le calme revenu, il est essentiel de revenir intérieurement sur la situation qui a généré chez vous ces émotions.
- Quels ont été les faits?
- Quel a été exactement le déclencheur?
- Quelle image avez-vous eu immédiatement en tête (juste avant que la colère monte)?
- Quelles sensations avez vous eu? A quel endroit de votre corps? comment cette émotion de colère s'est-elle manifesté?
- Quels sentiments y avez-vous associés?
- Quels besoins, valeurs a été mis à mal dans cette situation chez vous?
- D'où vient ce manque?
Ce travail d'introspection vous permettra, d'une part d'apprendre à mieux vous connaitre, à mieux vous accepter, à pouvoir améliorer et optimiser vos ressources personnelles, et à ne plus vous laisser contrôler par vos émotions, vos peurs et vos programmation limitantes.
Ce travail va simplement vous permettre d'oser un peu plus à ÊTRE VOUS-MÊME (la vraie, l'authentique, qui se trouve derrière tous ces masques érigés pour protéger l'enfant que vous étiez à l'époque.).
C'est tout l'objectif, d'ailleurs, de mon prochain accompagnement de groupe PAIX REINE, qui démarrera en janvier 2022. 3 mois de coaching collectif, pour apprendre à être en paix avec soi même, vivre en harmonie autant à l'intérieur de soi qu'à l'extérieur = avec vos enfants et votre entourage. N'hésitez pas à m'envoyer un message, si cet accompagne vous intéresse et que vous souhaitez avoir de plus amples informations.